Apothicaire (Elwyr)

Wamillou quitta très tard l'auberge ce soir là.... Bien trop tard pour sa fatigue déjà durement éprouvée par la nuit précédente et son idiot voisin. Elle avait hâte de rentrer chez elle et de s'étendre sur son lit si moelleux... De même, elle avait très envie d'ôter la mini robe verte trop moulante et les talons hauts qu'elle portait pour son emploi.
L'épuisement s'abattait sur ses épaules tandis que ses pas la conduisaient automatiquement vers sa douillette maison. Elle avait malheureusement oublié qu'avec les engins qu'elle avait aux pieds, la marche était aussi facile que la résolution du rubik's cube... Facile pour les uns et impossible pour les autres. Néanmoins, et sûrement sur une série de coups de chance, elle avançait sans encombres... Ou presque.
En effet, le talon de sa chaussure droite se logea dans une aspérité de la ruelle... Et notre jolie demoiselle s'étala brutalement de tout son long, dans un mouvement qui aurait pu être élégant si son aboutissement avait été moins... Frappant. Sa tête cogna contre le rebord du trottoir, et elle se tordit une cheville. Elle avait un genou très amoché ainsi que toute une partie du visage... En gros : Elle ne s'était vraiment pas loupée. Elle se releva tant bien que mal (plutôt mal que bien...) en s'aidant de ses bras qui n'avait par chance rien et se retrouve comme par magie : debout. Elle avait une vision très trouble des choses, et ne parvenait pas trop à distinguer où elle était, cependant, elle voyait briller une échoppe assez près.

*Bon, vu là où j'étais et les souvenirs qui me restent de cette rue que j'emprunte chaque jours sans y faire attention, je dois être arrivée au niveau de chez l'apothicaire.. C'est peut être pas une si mauvaise chose que ça, malgré ce qu'on raconte sur ce bonhomme, il aura sans doute des potions pour me soigner..*

(Cette réflexion lui prit un certain temps en raison de la douleur et d'une très grande confusion interne, mais j'ai raccourci un peu les *Aïe* et les *Euuuuuuuuuuuuuuuuuuh* pour vous éviter un trop grand ennui...)

Et, la peur au ventre, elle se dirigea en boitant misérablement et à tâtons vers la lumière. Pourquoi avait-elle peur? Et bien, dans son auberge, plusieurs clientes lui avaient raconté que le patron de ce lieu était un horrible dragueur, prêt à tout pour vous emmener dans son arrière boutique... Et très adroit pour obtenir vos faveurs. Aussi, elles ne s'y rendaient plus trop et y envoyaient des coursiers... Wamillou se demandait si elle avait une quelconque chance de ne pas subir les assauts de cet elfe, étant donné sa grande beauté et surtout... Sa mini robe.
Pourtant, au bout d'un bon quart d'heure de boitillements jusqu'à la façade salvatrice elle bénissait ce lieu qui allait peut être mettre fin à ses souffrances... Et elle frappa à ce qu'elle espérait être la porte... Mais se révéla être un mur. Aussi, elle haussa ce qu'il lui restait de sa voix et cria un joli, très discret et féminin (ou pas) :

"IL Y A QUELQU'UN???? AU SECOUUURS!!!"

Grimm, assez mécontent de sa journée, était en route pour sa boutique, il n'était pas encore arrivé mais il imaginait déjà le magasin encore vide de clients, il s'ennuyait à mourir, dans cette ville les gens n'avaient plus rien à perdre ou alors il mettait tout en banque, les affaires ne marchait pas bien et il savait que le meilleur moyen était encore d'aller directement voir les clients mais dans une ville surpeuplée d'elfes il imaginait déjà la situation...

Néanmoins sa journée ne fut pas entièrement perdue quand il aperçu une elfe étalée de tout son long dans la rue, il regretta de ne pas s'être dépêché pour la voir chuter, mais le spectacle était déjà assez réjouissant comme ça... Il vit l'apoticaire sortir et lui venir en aide, la rencontre entre les deux personnages fut quelque peu surprenante, mais Grimm ne s'y interressa absolument plus, il continua son chemin et lorsqu'il passa à coté de l'elfe encore à moitié sonnée, il eu du mal à retenir son rire.

Wamillou sembla plutôt bien réagir à ses compliments, bien signifiant qu'elle ne montra pas de rejet global ni quoi que ce soit.

Cependant, un nain passa à côté d'eux, et fit la terrible erreur de pouffer, ce qui causa chez Wam un accès d'hystérie durant lequel elle moqua grossièrement le pauvre être. Aucune subtilité, elle était simplement gratuitement méchante, et c'est sur un ton similaire qu'elle s'adressa à lui pour refuser son invitation.

Il ouvrit de grands yeux, sans comprendre, et pencha légèrement la tête sur le côté d'un air interrogateur. Il hésita à formuler "pourquoi ?", et resta ainsi pendant quelques secondes, puis se dit que certaines questions ne devaient pas se poser et se redressa.

"Très bien, je comprends. M'autoriseriez"(oui, il parvint à le prononcer d'un coup et sans se tromper)"tout de même à vous accompagner ? J'ai peur que vous ne rechutiez. Je ne voudrais pas qu'il vous arrive malheur."

Il avait opté pour la simplicité sur cette dernière phrase, simplicité et surtout honnêteté, qu'il avait accompagné d'un regard franc et direct, dans les yeux toujours, encore ces yeux, toujours ces yeux, toujours aussi magnifiques. S'il avait été poète, il les aurait comparés à un champ en herbe, ou à une grande forêt au milieux de l'été, mais il ne l'était pas et se contentait de les aimer, et de vouloir les regarder encore et encore. Ce qu'il fit.

Grimm entendit les insultes de l'elfe et se stoppa, il se retourna vivement avec un air faussement outré, mais elle s'était retournée trop vite vers Elwyr pour voir que les yeux du nain brillaient d'un désir profond d'invectiver l'elfe, il attendit juste que l'apothicaire eu fini de lui répondre pour prononcer d'une voix sourde:

"Je ne pouvais m'attendre à mieux d'une elfe, une arrogance naturelle qu'ils prennent pour de la modestie. Mmh ma taille n'est pas très avantageuse mais nous nous abaissons rarement, nous les nains, à essuyer les trottoirs avec nos vêtements", d'un geste il désigna les vêtement salit par la chute.
Puis il regarda Elwyr avec un sourire, "Et quelle approche! Je ne comprendrais donc jamais rien à la façon qu'on les elfes de séduire... Après tout lécher les bottes vous réussit très bien pour obtenir le "pouvoir", frotter le trottoir peut alors vous apporter "l'amour"", il émis un léger ricanement,
puis s'écria, "Ah mais j'y pense!", avant d'éclater de rire, il mit quelques secondes avant de pouvoir s'en remettre devant la mine outrée de Wamillou, "Tu parlait des "règles de civilité"", il éclata de nouveau de rire puis repris son sérieux, "Des règles inventées PAR les elfes, POUR les elfes, vous tentez de vous imposer avec, de faire ressortir un semblant d'honnêteté alors que vous n'êtes que des hypocrites, vous respectez les règles, mais derrière cela vous transgressez tout respect envers les autres pour arriver à vos fins, les nain n'ont pas besoin de ces règles stupides, nous ne respectons pas des règles mais les PERSONNES... respectables bien entendu...", il baissa fortement la voix pour la fin de sa phrase en regardant d'un air de dédain l'elfe.

Ce soir là, le Capitaine Nogaït avait été désigné chef de la patrouille nocturne du Centre ville. Ce n’était pas la plus tranquille loin de là, car toutes les boutiques du centre ville attiraient la nuit une foule de voleur, mais c’était toujours mieux que le quartier de la Roche Noire où régnait la nuit un chaos sans nom.

Nogaït était un Demi-orc, mais si ce n’est sa carrure extrêmement imposante, il avait l’aspect d’un humain parfaitement normal. Si sa force lui avait permis d’entrer dans la garde, c’est à son intelligence légèrement supérieure qu’il devait son récent poste de capitaine. Nogaït était convaincu que Binla sombrait profondément dans la décadence et le vice. C’est pourquoi il se sentait investi de la mission sacrée de rétablir l’ordre, si possible par la force. Chacune de ses patrouilles était l’occasion d’affermir la présence de la Garde et de lancer un avertissement clair à tout les hors-la-loi qui traînaient dans les rues.

Ils étaient donc partis, lui et ses quatre subordonnés, sillonner les rues de la cité. Le calme régnait sur la place du marché où un vieux marchand terminait de ranger son stand. Le capitaine Nogaït engagea la conversation, lui demandant s’il avait vu des gens rôder. Le vieillard répondit qu’à part quelques personnes se rendant certainement à la taverne il n’avait rien remarqué d’anormal. Après quoi, le capitaine ordonna à ses hommes de se déployer autour du stand jusqu’à ce que le marchand ait quitté les lieux. Voyant le regard interrogatif de celui-ci il argumenta qu’à cette heure-ci un voleur n’hésiterai pas à venir lui trancher la gorge pour prendre possession de la marchandise. Bien que très superflu, Nogaït était convaincu que cela rassurerait les gens et surtout les marchands qui se plaignaient encore souvent auprès du conseil.

Cette tâche accomplie la patrouille reprit son chemin en direction de la banque. Il y avait pour ce bâtiment un détachement permanent chargé de la surveillance des rues voisines. Le capitaine ne si arrêta qu’un instant pour saluer ses camardes puis il continua son chemin. La soirée n’était pas très mouvementée, plutôt décevante même. La nuit se prolongea ainsi, rue après rue mais rien ne voulait troubler le silence de la nuit. Dans ces cas là, la meilleure façon de tromper l’ennui était d’aller faire un tour à l’entrée de l’auberge. Avec un peu de chance, ils tomberaient peut être sur un alcoolique violent et même peut être une petite bagarre. Mais lorsqu’ils arrivèrent l’auberge était déjà fermée, rien à se mettre sous la dent, personne à interpeler.

Déçu, Nogaït entraîna ses hommes dans la rue de la montagne Noire. Mais à peine eut-il fait quelques pas que des éclats de voix se firent entendre.

*Enfin !*

Il s’avança tout en affichant un air autoritaire devant le petit groupe dont la conversation lui était parvenue. Il y avait là deux elfes et un nain, et Nogaït remarqua immédiatement l’état de la robe de l’elfe où il cru apercevoir une tâche de sang. D’une voix grave et empreinte de sévérité il les interrogea :

« Que sa passe-t-il içi ? »

Ses hommes s’étaient discrètement placés autour du petit groupe prêts à agir si l’un d’eux tentait une fuite.