La demeure de Reyblaru était petite comparée aux villas des environs. Ce devait d'ailleurs être la seule bâtisse de plein pied du quartier. Les murs en pierre couverts de chaux blanche contrastaient avec le toit d'ardoise, duquel sortait une étroite cheminée. Les montants des fenêtres ainsi que la solide porte d'entrée avaient été faits dans un bois sombre.
De dehors, cette maison semblait simple et modeste.
En revanche, le jardin était particulièrement vaste et la végétation abondante. Des bouleaux, des frênes et des érables encore jeunes mais vigoureux y poussaient en quantité au milieu des arbustes qui se couvraient de fleurs au printemps. Un petit lac, entouré de roseaux et de massettes, apportait une fraiche humidité et emplissait l'air du doux bruit de l'eau.
L'intérieur de la maison comprenait quatre pièces aux murs clairs. Seuls quelques rares tableaux de paysage et les fenêtres rompaient leur uniforme blancheur.
Le salon, sur lequel donnait l'entrée, était la pièce la plus spacieuse de la maison. Avec deux fenêtres orientées plein sud et une à l'est, une lumière diffuse s'y répandait tout le long du jour dans une atmosphère calme et reposante.
L'âtre du feu, vide en été, offrait une chaleur réconfortante pendant l'hiver. Au centre du salon se trouvaient une grande table en bois, qu'un vase égayait parfois d'un bouquet de fleurs et qu'un chandelier éclairait le soir, ainsi que six chaises. Près d'une des fenêtres, deux fauteuils avec une bibliothèque bien fournie formaient un recoin tranquille.
Le mur opposé aux deux fenêtres présentait deux portes, la première donnant sur la cuisine, la deuxième sur la chambre.
Exiguë, la cuisine stagnait dans une demi-pénombre, la seule source de lumière étant une petite fenêtre. Cette pièce servait rarement et cela se voyait à la poussière déposée sur tout le mobilier. La cuisine ne faisait pas partie des habitudes de Dragon de Reyblaru et elle avait naturellement délaissé cette partie de la maison.
La chambre tenait autant du nid douillet que du bazar. Un lit moelleux trônait en son milieu, même il ne servait que lorsque Reyblaru restait sous forme humaine pour la nuit. Deux grosses malles en bois ferré se distinguaient aussi contre les murs : la première regorgeait de vêtements, capes et robes, la seconde renfermait quelques trésors ainsi que de nombreuses fioles aux contenus inconnus.
Ensuite, un fouillis inimaginable occupait une bonne surface du sol. Des bâtons, des roches, des cristaux et des feuilles séchées se mêlaient aux parchemins et aux plumes. Dans un coin libre, de petits arbres poussaient dans des pots alors que des plantes aquatiques se développaient dans des vasques remplies d'eau.
Une autre porte ouvrait sur la salle de bain, dernière pièce de la maison.
C'était une pièce clair avec un bassin creusé dans la pierre où coulait en permanence une eau clair et froide. Pour apprécier ce genre de bain, il ne fallait pas être frileux. Une mince fenêtre apportait une lumière diffuse à la pièce tout en protégeant l'intimité.
Bien que se trouvant dans un quartier huppé, cette modeste demeure ne laissait pas forcément deviner qui était son occupante. Mais pour ceux qui le savait, et si leurs intentions étaient mauvaises, ils devaient se douter que quelques sortilèges protégeaient cette maison et ses biens.